- hère
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• 1750; néerl. hert « cerf »♦ Vén. Jeune cerf de plus de six mois qui n'est pas encore daguet. « Il n'était plus un faon, mais un hère déjà grand » (Genevoix).hèren. m. Un pauvre hère: un homme misérable.I.⇒HÈRE1, subst. masc.A. — Vieilli. Homme sans fortune, sans considération. Les avantages que nous autres hères avons sur vous autres chatelains (COURIER, Lettres Fr. et It., 1813, p. 858). L'amitié qui le lia (...) à un autre hère de son espèce, aussi pauvre, aussi fou, aussi plein de génie que lui, Diderot (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 166).B. — Cour. Pauvre hère.1. Homme très misérable. De pauvres hères recroquevillés par le froid (MORAND, Londres, 1933, p. 96). Un pauvre hère dont la vie n'avait été qu'un long échec et qui croupissait dans une misère noire (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 485).2. Homme dont la vie est médiocre, difficile. Je ne suis qu'un pauvre hère de lieutenant (MÉRIMÉE, Théâtre C. Gazul, 1825, p. 122). La situation changeait, l'instituteur n'était plus le pauvre hère, le valet mal payé, méprisé des paysans, devant le curé mieux renté, engraissé par son casuel (ZOLA, Vérité, 1902, p. 275).— Péj. Mon mépris pour les imbéciles qui sont mes collègues à la sous-préfecture : pauvres hères, sinistres crétins (COURTELINE, Femmes d'amis, Lauriers coupés, 1894, p. 174).Prononc. et Orth. : [
] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1534 pouvre hayre (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder, M.A. Screech et V. L. Saulnier, 36, p. 219). Mot d'orig. discutée (cf. FEW t. 16, p. 169). Peut-être empr. de l'all. Herr « seigneur » (par dérision), cf. l'a. fribourgeois her « titre de noblesse » (1475, TAPP. t. 2), le suisse alémanique en arme her correspondant au fr. un pauvre hère (v. FEW t. 16, p. 169b, note 4), l'a. fr. herre, here « seigneur » (1324, Poésies diverses se rattachant à la guerre de Metz, éd. E. de Bouteillier, p. 337, 46 et p. 383, 28) et la var. her « seigneur » chez RABELAIS (1534, Gargantua, éd. cit., 7, p. 60); ou plus vraisemblablement, soit emploi métonymique de haire (au sens de « pèlerin qui porte la haire »), soit emploi subst. de l'a. adj. haire « malheureux, pauvre » (ca 1250, Doon de Mayence, éd. Schweighaeuser, 46), lequel est issu du subst. fém. haire qui avait pris au XIIe s. le sens fig. de « tourment, douleur, peine » (ca 1150, Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 5299).
II.⇒HÈRE2, subst. masc.,,Jeu de cartes qui se joue entre plusieurs personnes qu'on appelle aussi l'As qui court ou la Bête noire`` (Ac. 1935). Quand Montmort et Bernoulli se demandent comment conseiller le joueur de hère (ancêtre de notre baccara) (Traité sociol., 1967, p. 127).Prononc. et Orth. V. hère1. Étymol. et Hist. Début XVIIe s. (AGRIPPA D'AUBIGNÉ, Confession catholique du sieur de Sancy, IV ds Œuvres, éd. E. Réaume et De Caussade, t. 2, p. 258). Substantivation de l'anc. adj. haire « malheureux, pauvre » (hère1).III.⇒HÈRE3, subst. masc.Jeune cerf ou daim de six mois à un an qui ne possède pas encore ses bois. Les hères de l'année semblaient juchés sur de raides pattes ossues, trop longues pour leur corsage étroit (GENEVOIX, Dern. harde, 1938, p. 6).Prononc. et Orth. : [] init. asp. Att. ds Ac. 1935. Homon. v. hère1 et 2. Étymol. et Hist. 1756 (BUFFON, Hist. nat., t. 6, p. 77). Peut-être empr. du néerl. hert « cerf » (FEW t. 16, p. 207b).
STAT. — Hère1, 2 et 3. Fréq. abs. littér. : 54.1. hère ['ɛʀ] n. m.ÉTYM. 1534, pouvre hayre, Rabelais; her « maître », XIVe; p.-ê. de l'all. Herr « seigneur » (par dérision), ou de haire « misère, douleur », en anc. franç. harja « haire », symbole de misère.❖1 Vx. Homme misérable. || « Cancres, hères et pauvres diables… » (→ Faim, cit. 10, La Fontaine).2 ☑ Mod. Seult dans la loc. Pauvre hère. || Un pauvre hère besogneux (cit. 1). || Une clientèle d'épaves (cit. 8) et de pauvres hères.1 Neuf-Germain est un pauvre hère de poète, fort vieux (…)Tallemant des Réaux, in La Fontaine, Vers à la manière de Neuf-Germain, Notes et variantes, in Œ. diverses, Pl., p. 1002.2 (…) un curieux mélange de familiarité aristocratique telle qu'on la constate en Espagne dans les relations entre grands seigneurs et pauvres hères (…)P. Mac Orlan, la Bandera, V.❖HOM. 1. Air, 2. air, 3. air, aire, ère, erre, ers, haire, 2. hère, 3. hère, r; formes des v. airer et errer.————————2. hère ['ɛʀ] n. m.ÉTYM. 1750; néerl. hert « cerf ».❖♦ Vén. Jeune cerf de plus de six mois qui n'est pas encore daguet. ⇒ Daguet (cit., Buffon). || Des hères dont les bois poussent (→ Dague, cit. 4).0 Alors il n'était plus un faon, mais un hère déjà grand qui portait deux bosses sur le front et dont le poil, ayant effacé toutes ses taches, avait déjà la nuance ardente (…)M. Genevoix, la Dernière Harde, II, II.❖HOM. V. 1. Hère.————————3. hère ['ɛʀ] n. m.❖♦ Vx. Jeu de cartes, ancêtre du baccara (syn. : as qui court, bête noire, in Académie, 1935).❖HOM. V. 1. Hère.
Encyclopédie Universelle. 2012.